Fibre optique : sortir du paradigme « encore plus pour encore moins »

Le réseau c’est environ un cinquième de la consommation électrique totale de l’informatique. Les émissions de gaz à effet de serre engendrées par le numérique proviennent à 28% des infrastructures réseau.
C’est aussi une tendance très forte à la hausse, avec 25 % de trafic de données en plus par an.
L’explosion des usages en est la principale cause. Mais n’est-ce pas le haut débit qui offre au quotidien cette possibilité aux consommateurs ?
En matière de haut débit la France est plutôt bien couverte et bien avancée dans le maillage actuel de son réseau de fibre optique. Bien que cette dernière soit nettement plus écologique que les technologies basées sur le cuivre, les principales offres commerciales actuelles incitent toujours à plus consommer, au risque de se retrouver à l’arrivée avec un incontrôlable effet rebond…
En réaction, un véritable service de fibre optique durable ne devrait-il pas s’accompagner de plus de sobriété, de pédagogie autour de la consommation de données, d’adaptation à l’usage qu’en font réellement les clients ? N’est-il pas désormais temps de sortir du paradigme « toujours plus pour encore moins »?

La fibre optique est plus vertueuse que les autres types de connexion

L’empreinte carbone de la fibre optique serait bien meilleure que celle des réseaux cuivrés de type ADSL.
Selon l’Idate elle produirait jusqu’à cinq fois moins de gaz à effet de serre qu’une connexion de type vDSL.
C’est d’abord lié à sa production, moins impactante, car réalisée à base de silice, élément très répandu sur terre.
Mais c’est aussi dû à sa durée de vie, estimée jusqu’à 40 ans contre 20 ans pour le réseau cuivré.
La fibre optique consomme également moins d’énergie pour fonctionner.
Vis à vis de la 4G ce serait 10 fois moins d’énergie utilisée. (Voir à ce sujet la note de l’ARCEP de 2019 L’empreinte carbone du numérique)

Enfin, l’entretien et les réparations sont moins fréquents que sur les réseaux classiques ADSL.
En revanche, un bémol environnemental subsiste pour la fabrication de la fibre, l’utilisation et le recyclage de métaux et de terres rares.
C’est le cas notamment du métalloïde semi-conducteur Germanium, 30 % de sa production mondiale étant destiné au réseau de fibre optique (utilisé pour les amplificateurs, répéteurs, laser).

Consommation annuelle (en kWh) d’un utilisateur de réseau selon son type de connexion internet

  • 4G
  • RTC
  • ADSL
  • Fibre

Une fibre optique durable

La fibre optique joue à plein son rôle sociétal en raccordant au haut débit les territoires ruraux et/ou semi-ruraux. Ce qui permet de limiter les déplacements, favoriser et développer les initiatives locales par l’émergence de nouvelles activités et la création d’emplois.

« Bien que plus vertueuse, la fibre n’entre pas pour autant dans les objectifs de développement durable des entreprises. »
C’est en partie pour cela que les offres proposées ne mettent pas avant certaines de ses caractéristiques durables mais plutôt d’autres avantages liés à sa performance.

Les offres fibre optique actuelles

Les offres pour les entreprises s’accordent toutes entre elles pour mettre en avant les nombreux avantages de la fibre optique, gain de productivité, efficacité, simultanéité des usages, performance, permanence du lien, fiabilité…
Elles soulignent fortement le débit et les nombreuses possibilités d’utilisation de ce débit. Puis vient ensuite le prix.
Les grands opérateurs eux-mêmes proposent toujours plus, pour toujours moins, comprendre encore plus d’avantages pour moins d’argent.

C’est donc la mise en avant des débits quasi illimités pour tout le monde, au travail comme à la maison.

Ces débits sont évidemment bien adaptés pour des contenus qui pèsent (streaming, appels en visio illimités, photos, vidéos, TV HD 4K, jeux en ligne…).

Au delà des contenus c’est aussi la promesse du wifi qui prolonge la connexion partout dans les locaux, pour piloter tous les objets connectés, éclairage, détecteurs en tout genre, prises, camera de sécurité, alarme, station météo, volets, assistants vocaux, enceintes…

Du matériel complémentaire viendra donc étendre le signal wifi dans les moindres recoins du logement et satisfaire une domotique pas systématiquement vertueuse.

Des applications, solutions logicielles (obésicielles ?) viendront bien entendu accompagner ces nouveaux services.

Ces offres de fibre optique sont en apparence proposées avec de l’accompagnement et des services pratiques pour les entreprises, Cloud SAAS, solutions collaboratives ou téléphonie sur IP.

On va aussi garantir aux clients des interventions en moins de 8h en cas d’incident, une installation 100 % clé-en-main, des clés 4G ou des box de poche, de secours en attendant le raccordement ou en cas de panne.

Des offres, certes, mais pas toujours adaptées

Bien qu’alléchantes sur le papier ces offres haut débit sont rendues difficilement comparables entre elles.
Il en résulte que les entreprises optent pour des solutions qui ne correspondent pas à leurs besoins.
Les débits courants nécessaires pour les principaux usages numériques des entreprises (téléchargement, téléphonie, streaming, navigation, internet des objets…) ne s’élèvent en pratique que très rarement à hauteur des débits proposés dans ces offres.

Parfois, c’est l’inverse qui va se produire au moment des pics d’utilisation. Il en résulte alors une baisse de performance à des moments clés ou stratégiques de la journée.
En conséquence, il existe bien un réel décalage entre la consommation, les besoins internet à l’intérieur de l’entreprise et le débit disponible.

Par ailleurs, le déploiement massif de la fibre optique en France, au détriment de l’ADSL, semble s’accompagner de mécontentements d’une partie de la clientèle.
En 2021, la médiatrice des télécoms Valérie Alvarez a été davantage saisie pour des litiges liés à la fibre optique (30 % des plaintes, en hausse de 6 %) que pour l’ADSL (27 %).
Ces litiges peuvent démarrer avant la connexion même, avec des informations erronées concernant l’éligibilité à ce service annoncée par les opérateurs. D’autres concernent l’installation de raccordement.
Parmi les autres problèmes rencontrés reviennent souvent, un service dégradé, des coûts de raccordement supplémentaires cachés, des installations de piètre qualité.

Un service client dégradé

Le service client s’avère parfois dégradé, depuis l’installation jusqu’à l’utilisation.
L’opacité en premier lieu des interventions. Ces interventions sont souvent sous-traitées, les techniciens parfois insuffisamment formés changeant au grès des plannings. Des tickets d’incident sont ouverts, jamais fermés. Cette absence de suivi et de clarté finit par déshumaniser l’ensemble du service et exacerbe les contrariétés.
Une qualité de service rarement au rendez-vous

Vis à vis du plan de raccordement national, les opérateurs sont dans l’obligation d’accélérer les choses. Il en résulte des installations de mauvaises qualités voire bâclées dans certains cas.
Le réseau de fibre optique étant relativement récent, sa vétusté ne peut être invoquée lors des perturbations rencontrées par les clients.
Il s’agit donc plutôt d’interventions malencontreuses ou de manipulations imprécises.

L’ARCEP dans son communiqué du 25 Novembre 2021 a publié un plan d’action complémentaire afin d’améliorer la qualité des déploiements de fibre optique, alors qu’une feuille de route avait déjà été adoptée en mars 2020 avec les opérateurs d’infrastructures et les opérateurs commerciaux.

Ce plan prévoit de mieux contrôler les interventions, les processus, en limitant la sous-traitance et en renforçant la formation. Il demande enfin à ce que soient remises en conformité les infrastructures les plus dégradées.

 

Des incitations à toujours plus consommer

L’argument de vente principal tournant autour du débit incite les utilisateurs et entreprises à toujours plus consommer.
Plus consommer de données et logiquement toujours plus solliciter les réseaux avec les conséquences énergétiques et environnementales que l’on imagine…

Ce constat, loin d’être enthousiasmant devrait faire réfléchir quant à des offres alternatives basées sur l’adaptation au besoin des clients, le bon sens, la frugalité, la qualité de service.

Informatique

Fibre Optique

Bilan Carbone

👍

Energie

👍

Recyclage

Adaptation aux usages

👎

Offres flexibles / évolutives

👎

Des services de fibre optique alternatifs, responsables et durables sont possibles

Une liaison fibre optique axée sur la maîtrise de l’impact environnemental

Le principal dans le potager numérique n’est pas tant d’avoir un tuyau mais plutôt savoir quel type de tuyau il nous faut et comment l’utiliser.
On ne va pas dimensionner un tuyau d’arrosage de100 litres à la minute pour arroser un seul plan de tomate…, un tuyau fournissant 2 litres/heure au goutte à goutte suffira.
Cette analogie maraichère, bien que laborieuse doit simplement faire comprendre que derrière cela se cache au final soit des économies, soit du gachis, donc des impacts.
L’offre de fibre optique doit être adaptée au juste besoin, à la consommation, en ce sens elle sera déjà éco-conçue.
Un audit préalable sur le nombre d’utilisateurs, les usages, le secteur d’activité, les pics d’utilisation doit donner un premier aperçu du besoin.
Un recueil de données encore plus fines permettra d’ajuster le fameux débit.
L’opérateur doit aussi fournir des gages quant à son approche environnementale, expliquer en quoi ses infrastructures sont plus vertueuses.
L’autre moyen d’éco-concevoir son offre de fibre, serait de l’accompagner d’un guide des bons usages et de sensibiliser les utilisateurs aux impacts environnementaux liés à leur consommation de bande passante.
De plus en plus d’organisations, d’entreprises sensibles à l’environnement, trouveront là un nouveau critère de performance et un motif de satisfaction. L’offre de service numérique éco-conçue et responsable leur permettra de réduire ainsi leur impact environnemental et donc améliorera leur bilan carbone.

 

Un service proche, humanisé et de qualité

Le débit et le prix ne peuvent à eux seuls constituer une bonne offre.
Le service apporté aux clients, dans le temps, prendra une part de plus en plus importante dans l’expérience des utilisateurs.
Le service, c’est d’abord le contact humain, la relation de proximité et de confiance.
L’identification claire des différents interlocuteurs et intervenants chez l’opérateur sur toute la chaîne de production, offre la garantie de savoir à qui s’adresser en temps voulu. Dans ce contexte, les responsabilités ne peuvent être qu’assumées.
Lors de la souscription à l’offre, la prise en charge totale du changement d’opérateur doit apporter plus de sérénité au client. Les aller-retour entre l’ancien et le nouveau prestataire sont souvent source de stress et de perte d’information.
Le client n’a pas forcément le bagage technique pour discerner tous les contours d’une liaison fibre optique. Le « on s’occupe de tout » devrait être la règle et permettrait de lever les anxiétés.
Par ailleurs, la transparence sur les interventions, le respect des délais et plages horaires définies, éviteraient au client d’avoir l’impression de perdre son temps.
La qualité du travail effectué, sans dégradation, ni dans les locaux du client, ni dans les armoires de rue, doit être éprouvée et constatée.
Enfin, une information précise et récurrente devrait être apportée au client sur toute la durée du projet, depuis l’installation jusqu’à la livraison.
Le contrat ne s’arrêtant pas à la livraison, c’est ensuite un accompagnement et une disponibilité sur le long terme qui doivent être apportés aux entreprises.
Lors d’interruption de service ou d’incident, les clients doivent être avertis, puis informés sur les causes et les temps de rétablissement envisagés.
Des garanties de service, de débit symétrique, des points de présence assurant la redondance, des interventions de type GTR 4H seront fournis.

Une offre évolutive, souple et mesurée

La connexion haut débit par fibre optique doit ensuite pouvoir évoluer agilement en fonction de l’activité de l’entreprise, de sa croissance et de ses nécessités.
L’opérateur peut garantir une continuité de service aux « heures de pointe » sans que l’entreprise ait nécessairement besoin de demander une offre sur-dimensionnée.
Cette offre peut également s’accompagner d’un suivi des consommations de débit. Il y a un double intérêt à cela :

  • S’assurer que le service fourni est réellement adapté au besoin.
  • Maîtriser l’impact carbone dû à sa consommation internet.

Dès lors on bascule vers un pilotage raisonné de la consommation de bande passante.
Pouvoir monitorer sa fibre optique permet d’être aussi plus vertueux d’un mois sur l’autre.
Pour terminer, ce monitoring peut aussi s’accompagner d’un guide des bons usages et d’un indicateur mensuel d’équivalence Co2 pour ses consommations de bande passante.

En résumé

Bien que nettement plus écologique dans sa fabrication et dans son fonctionnement que les réseaux cuivrés ou 4G-5G, la fibre optique n’entre pas dans les objectifs de développement durable des entreprises.
Les offres des principaux opérateurs elles, sont principalement basées sur le débit presque illimité et les prix compétitifs au risque d’inciter les organisations et les utilisateurs à être toujours plus gourmands en bande passante et en consommation de données.
D’autres offres plus responsables et durables sont pourtant envisageables. Pour cela il faut qu’elles soient à la fois axées sur la maitrise des impacts environnementaux, la sobriété et sur une qualité de service indéniable.